« La perfection de l’amour et donc de la sainteté ne consiste pas dans les extases, mais dans l’accomplissement du vouloir de Dieu ». Cette maxime spirituelle de Saint Vincent de Paul est tellement vraie que toutes les voix qui portent au ciel nous parlent de la conformité de notre vouloir de Dieu. « Ma nourriture, c’est-à-dire celle pour laquelle on vit, c’est de faire la volonté de Dieu », déclare Jésus. « Voici la servante du Seigneur ! Que tout se passe pour moi selon ta parole », prie Marie. « Mon Dieu, votre volonté sans restrictions et sans réserve », répètent constamment les saints.

Nos actes de chaque jour, nous le savons bien, ne peuvent pas être sanctifiés sans l’acceptation de cette volonté sainte et sanctificatrice. En effet, seulement en accomplissant le vouloir de Dieu, toute la vie spirituelle se transforme, parce que chaque sacrifice de notre volonté à celle de Dieu devient un acte, un acte d’amour qui fait renaitre en nous le Christ, chaque fois que nous adhérons à son vouloir.

Se conformer, après, à la volonté de Dieu est une vertu tellement grande qu’elle dépasse toutes les autres comme volonté divine dépasse la volonté humaine.

« Le juste vit de foi et sa vie se trouve dans l’adorable volonté de Dieu ». Cette pensée venait souvent sur les lèvres du Père Jacques, et elle était comme l’oraison jaculatoire préférée qu’il répétait avec beaucoup de recueillement en ouvrant les yeux et en abaissant la tête, comme s’il voulait s’enfoncer dans son néant.

Il éduquait les âmes à n’avoir d’autres désir sinon celui de Dieu, nul autre amour sinon la volonté divine. Et puisque rien n’arrive sans disposition ou permission de Dieu, il inculquait de recevoir tout de ses mains saintes : contrariétés, mépris, humiliations, privations mêmes des choses plus saintes, et vivre dans la pratique constante de l’obéissance au moyen de laquelle se manifeste la volonté de Dieu.

Tel était le sens des enseignements du Père affectueux. Mais plus que les paroles, l’exemple lumineux de ses actions était le clair et heureux témoignage de l’adorable volonté du Seigneur qui formait la norme unique et absolue de sa vie. Dans cette volonté était sas paix ; sur elle, il dormait et il se reposait. Lis et tu verras !

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 – 1 –

L’école à laquelle le Seigneur éduque nos âmes, c’est l’école la plus parfaite. Il est le Maitre des maitres, et il sait toucher toutes les cordes et toutes les fibres de notre cœur, de façon que si nous savons profiter, nous grandirons chaque instant dans la science des saints et dans le progrès de la vertu.

 

– 2 –

Il n’y a pas une feuille d’arbre qui tombe sans le vouloir de Dieu.

Quand le Seigneur permet que quelque chose nous frappe, Il a un but saint à notre égard, même si en ceux qui agissent, peut y avoir malignité dans l’accomplissement du mal.

Quel doit être donc notre règlement en toute ces choses ?

Accepter tout des mains de Dieu en étudiant le but pour lequel le Seigneur a permis tel événement, et œuvrer selon ses enseignements en cherchant toujours sa gloire et le salut des âmes.

 

– 3 –

N’oublie jamais les paroles prononcées par Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ! », au moyen desquelles, instruisant de cette chaire de vérité le monde, il montrait combien est terrible le cœur humain qui, quand il opère en dehors de la lumière divine, peut arriver jusqu’au déicide ; et combien est grande la divine miséricorde qui pardonne aussi ces énormes délits quand, par manque de vraie lumière, on en ignore la malignité.

 

– 4 –

Nous devons savoir prendre profit de tout événement, œuvrant selon les enseignements divins dans le vrai et pur esprit de charité, laquelle n’œuvre jamais en vain. Ainsi il adviendra que, comme par le Déicide les âmes fidèles ont gagné leur éternel salut, de même par les plus terribles persécutions du démon, nous pourrons tirer la grâce de la persévérance dans le bien, le motif de notre vraie sanctification et l’édification du prochain.

 

– 5 –

Quand le Seigneur nous donne la chance en nous appelant à l’ombre de sa croix, quelle plus grande douceur et quel plus utile bénéfice aurons-nous, sinon celui de faire sa Sainte, douce et adorable volonté ?

 

– 6 –

Notre âme, malheureusement, n’a pas une vraie faim de Dieu ; elle est comme les infirmes qui ont peu d’appétit et qui, malgré qu’ils aient besoin d’aliments nourrissants, préfèrent la sauce savoureuse à la viande, dont au contraire ils ont la nausée et ils se refusent de la manger, ou bien qu’ils n’acceptent pas sans une sauce savoureuse.

 

– 7 –

Mon fils, préoccupe-toi de sentir la vraie faim de Dieu et prends goût à la nourriture substantielle, si tu veux te renforcer vite et monter avec force la Sainte montagne. Sur ce sommet, l’air pur et serein te guidera à l’instant de toute infinité ; ta vue, élevée ainsi au-dessus du créé, grisera et contemplera son Créateur. Et toi, libéré des chaines qui te tenaient lié au fond de la vallée, tu domineras le monde et tu exulteras comme un géant, dans les chemins de Dieu.

 

– 8 –

Fais-toi courage et cours avec générosité à la sainte union de l’adorable volonté de Dieu. Quand cette union est complète, les sens comme les puissances seront absorbés par l’ineffable douceur de l’adorable volonté du Seigneur et en elle, les autres affections ne seront pas détruites, mais sublimées dans l’amour divin duquel tout amour saint et ordonné procède dans la parfaite charité du christ, notre vie.

 

– 9 –

Résigné pleinement au divin vouloir, toute préoccupation s’évanouit et tout change en douceur et suavité…

En embrassant la volonté de Dieu, nos intérêts et nos affections se confondent et s’identifient avec les Siens, et notre âme reçoit une paix inaltérable en toute chose et en tous les événements. Donc, sois toujours ferme et content dans l’adorable volonté de Dieu. Qui la goute y trouve la joie du Paradis ; je désire que cette joie soit toute dans ton cœur pour te voir plein de paix et de bonheur.

 

– 10 –

Pour agir selon le consentement de Dieu, avec immense joie et hilarité, en sentant ce qu’Il veut qu’on sente et en ignorant ce qu’Il veut qu’on ignore, il faut recevoir toute chose des mains de Dieu et nous tenir détachés de tout et de tous.

 

– 11 –

Vivons toujours dans la sainte indifférence, étroitement liés au vouloir de Dieu ; il ne faut pas nous séparer de ce vouloir de Dieu, même pas pour une minute. Au contraire, mourrons, parce que le juste vit de foi et sa vie est dans l’adorable volonté de Dieu. Donc, il ne faut pas avoir autre désir sinon celui de faire la volonté de Dieu. En cette volonté tout bon désir devient saint, tandis qu’en dehors d’elle, tout saint désir devient moins bon.

 

– 12 –

Ne quittez jamais la place où le Seigneur vous met et vous serez heureux dans le temps avant de passer encore à l’éternité, parce qu’ étant dans sa volonté, on est en Dieu et l’âme participe presque de sa divinité, parce qu’elle pense, elle aime, elle désire, elle veut, elle fait seulement ce que Dieu veut.

 

– 13 –

La volonté de Dieu doit être pour nous toujours douce et suave, parce qu’Il veut seulement notre bien-être. En l’embrassant, nous pouvons participer à la paix que Jésus Christ a portée aux hommes de bonne volonté.

 

– 14 –

Oh ! comme il est beau quand Dieu nous donne la grâce de faire son adorable volonté ! De quelle grande paix jouit l’âme ! Cherchons à renoncer à toute autre chose, même contre notre désir, pour nous unir à la sainte volonté qui dispose de tout et nous rend heureux.

 

– 15 –

Dans les souffrances et dans les incommodités, restons toujours tranquilles, profitons de tout pour apprendre pratiquement comment nous devons nous habituer à faire la volonté de Dieu. Oh ! combien est belle la très douce, mais très incontestable volonté du Seigneur ! Il faut l’aimer uniquement et en préférence de chacun de nos désirs, même avec le sacrifice de notre propre vie ! Tout le secret de la perfection chrétienne est ici !

 

– 16 –

Il es écrit que les Anges seraient prêts, pour satisfaire le vouloir divin, à laisser la vision intuitive et se précipiter dans les peines de l’enfer…

Aime donc, mon fils, avec tout engagement, l’adorable volonté de Dieu ! Aime-la comme les Bienheureux et les Anges qui sont au ciel l’aiment. Celle-ci est la première prière que Jésus nous a apprise à faire : « Fiat voluntas tua, sicut in caelo et in terra ». 

Si tu fais seulement ceci et si tu obtiens cette chance, tu seras beaucoup plus heureux.

 

– 17 –

Pour les âmes qui désirent vivement seulement cette chance, c’est-à-dire de faire la volonté de Dieu, le Paradis commence ici-bas : les choses prospères ou contraires, comme le juge l’amour propre, seraient toujours de la même valeur, parce que celles qui, nous arrivent importent peu si elles sont caresses ou gifles, quand c’est la même main de Dieu qui nous caresse et nous bâtonne.

Qui fait la volonté de Dieu sait facilement s’adapter à tout. Soit qu’elle nous caresse, soit qu’elle nous bâtonne, sa main sainte est toujours douce.

 

– 18 –

Mon fils, je t’exhorte à ne pas perdre, même pas pour un seul moment, la tranquillité intérieure et à garder toujours la paix du Seigneur dans la sainte joie de ton cœur. Rappelle-toi que tout ce qui enlève la paix ne vient pas de Dieu ; donc, cela doit être méprisé et éloigné. Si chaque fois que le démon veut te ravir la paix, tu fais ainsi, tu acquerras graduellement l’union à l’adorable volonté de Dieu et, avec elle, tu acquerras aussi le Paradis sur terre.

 

– 19 –

C’est toujours une bonne chose de rester tranquilles dans les mains de Dieu, sans jamais nous agiter. Œuvrons toujours selon son Saint vouloir et jamais nous n’aurons un motif de regretter et de nous confondre.

Dieu qui met en mouvement tout l’univers est immobile et pacifique dans son calme éternel. Celui qui s’emploie seulement à son vrai zèle et en harmonie avec son adorable volonté, est dans son harmonie et dans son calme.

 

– 20 –

Nous sommes venus dans ce monde seulement pour accomplir l’adorable volonté de Dieu, et cette adorable et douce volonté doit être notre paix et notre bonheur sur terre, comme sera notre éternité béatitude au ciel.

Faire une chose ou en faire une autre est toujours également cher aux âmes qui aiment vraiment cette adorable volonté divine.

 

– 21 –

Nous ne devons jamais nous refuser à la volonté du Seigneur, quand elle se manifeste par les organes directs de son saint vouloir, surs que nous ne cesserons pas d’obéir, même si on nous ordonne de commander. La position de celui qui fait la volonté de Dieu est toujours la même, comme celle des Bienheureux au ciel.

Va en avant ! prêt à faire toujours la volonté du Seigneur ; abandonne-toi à Dieu, sois toujours avec Lui, prends tout de ses mains, espère tout de son amour, garde toujours sa paix et sa charité et tu n’auras rien à craindre.

 

– 22 –

L’homme propose et Dieu dispose !

Ceci montre comment il convient de faire toujours la volonté de Dieu, et de ne jamais avoir le désir de faire sa propre volonté.

Quand nous sommes à l’hosanna, pensons que viendra aussi le moment du crucifix. Prenant tout des mains de Dieu et pour son amour, nous nous trouverons toujours en règle.

 

– 23 –

Il faut nous faire saints, mais nous n’y réussirons pas à travers un autre chemin en dehors de celui que Dieu veut. Quand le Seigneur nous conforte dans notre misère, ne nous arrêtons pas dans des petitesses de notre intelligence ; adorons et allons en avant pour apprendre à faire la volonté de Dieu, soit dans les circonstances contraires, soit dans les circonstances favorables. Et dans ces dernières, il faut plus de grâce et plus de vertu pour faire la volonté de Dieu sans en abimer l’esprit.

 

– 24 –

Que la volonté de Dieu soit notre paix !

Aucune chose ne doit nous troubler, même pas nos misères. Dieu ne permet rien sinon pour notre bien et pour sa plus grande gloire. Donc, rien n’arrive s’il n’est pas disposé par la Providence : quand elle le permet, même nos propres misères peuvent servir à nous sanctifier et à la glorifier.

 

– 25 –

Il faut avoir patience et embrasser avec amour l’adorable volonté de Dieu, et alors tu trouveras tout le bonheur du Paradis. Sans cela, nous trouverons partout la même souffrance.

Saint François de Sales, chargé par le Saint Siège pour la visite d’un couvent, a trouvé qu’un religieux avait écrit en grands caractères à l’intérieur de sa cellule : « Haec requies mea ! »

Le saint évêque lit l’écrit et, après il dit en soi-même : « Combien mieux aurait fait ce bon religieux s’il avait mis tout son repos dans l’adorable volonté de Dieu, au lieu de le mettre dans les quatre murs.

 

– 26 –

La volonté de Dieu est plus douce que le Paradis !

Laisser Dieu pour Dieu ne constitue pas une perte pour notre âme, ni ne diminue l’amour de nos cœurs. C’est mieux de posséder Dieu de la façon dont il veut être possédé que de chercher à le posséder à notre façon. C’est mieux d’être crucifié avec le Christ que de régner dans le monde !

 

– 27 –

La vie est dans la volonté de Dieu ! Cette volonté de Dieu se manifeste au moyen du guide des supérieurs, et par tous les événements où n’entre pas notre volonté.

Il faut désirer les moyens du salut en subordonnant tout au vouloir de Dieu. Si nous devons perdre Dieu en Le cherchant étrangement, c’est un signe que nous ne le cherchons pas.

Quand la volonté de Dieu sera notre et formera l’unique objet de notre amour, et quand nous l’accomplirons en piétinant toujours notre cœur et en tenant la paix intérieure de l’esprit, le démon, autant qu’il s’emploie contre nous, ne réussira à rien… Il a peu à faire avec les âmes liées au vouloir divin.

 

– 28 –

Que Jésus prenne possession de ton âme pour ne plus se diviser de toi, et qu’il te communique sa paix et son adorable volonté, de façon que tu puisses être à Lui. Comme Lui se donne à toi.

Mais tu ne laisses pas d’être à Lui de la même façon, en te donnant tout à Lui et en Lui consacrant ta volonté de façon à n’avoir pas d’autres désirs sinon ce que Lui veut, et à n’avoir pas d’autre amour sinon sa volonté.

 

– 29 –

Prions efficacement le Seigneur pour qu’Il nous tienne toujours en sa Présence, et qu’Il nous fasse toujours aimer son adorable volonté en préférence du Paradis. Qu’Il nous assure de vivre en elle, même quand Il déchire notre volonté ; qu’Il détruise notre être, puisque grand doit être en nous le désir d’être détruits pour la faveur d’une vraie vie, qui arrive à cause de cette destruction même.

Mon fils, prie avec moi : Seigneur, je ne veux pas mon vouloir, mais seulement le Tien ! Maintenant et quand, dans les convulsions de ma destruction, je sentirai détruire mon être, je ne veux rien d’autre sinon ton adorable volonté !

 

– 30 –

Prions le Seigneur avec les gémissements les plus profonds de notre cœur, pour qu’Il détruise en nous les obstacles qui s’interposent à notre union avec Lui. Prions-Le afin qu’Il nous accorde la grâce d’aimer seulement son adorable volonté, de façons que toutes nos préoccupations soient sanctifiées de ce saint amour qui possède tout bien et tout bonheur.

O suave et très douce volonté de Dieu, tu es le vrai bonheur au ciel et sur la terre ! Tu es le confort des affligés. La force des faibles, la lumière au milieu des ténèbres. Le chemin dans le désert, la paix en toute bataille, la gloire de celui qui t’aime !